Les effets bénéfiques d’une relation de confiance
Accueil de Teila en 2024

Son arrivée
Teila est une petite chienne ukrainienne de 5 ans arrivée en France alors que son pays est en guerre depuis plus de 2 ans.
Elle a traversé l’Europe en camion, le voyage dure 4 jours. A sa sortie du camion, elle cherche à tout prix à y retourner, celui-ci est devenu son refuge.
Durant le voyage en voiture pour la ramener à la maison, elle tremble de tous ses membres.
Elle explore notre jardin et refuse de rentrer à l’intérieur. Puis elle finit par suivre nos chiens et passe la porte en courant. C’est quelque chose qu’elle fera systématiquement durant son séjour : dans son référentiel, le passage de porte est un danger.
Une fois à l’intérieur, elle se blottit dans un coin à un mètre de la porte d’entrée et restera là durant 2 jours. J’y installe son panier et la nourris juste à côté. C’est son refuge du moment.
On ne l’approche pas souvent car, même si elle n’est pas dans l’évitement, elle se fige et s’aplatit comme pour se protéger des coups. Le troisième jour, elle entreprend de s’aventurer dans un rayon de 3 mètres environ. Le quatrième jour, elle visite 2 nouvelles pièces.
Quelques tests
Je décide de l’emmener en balade et tente de lui mettre un harnais : elle se met sur le dos et m’exhibe son ventre en signe de soumission… Pas très pratique pour mettre ce fichu harnais ! Je l’emmène se promener à la campagne – on va éviter la ville et ses bruits dans un premier temps. En voiture, elle tremble toujours, mais une fois sur le lieu de balade, elle prend du plaisir : elle renifle beaucoup et se déplace aisément. Un hélicoptère passe : elle se fige. Ce qui vient du ciel est un danger… Et pour cause !
Les balades qui suivent continuent de bien se passer, si bien qu’au bout de 2 semaines, non seulement, elle ne tremble plus en voiture mais saute d’elle-même dedans ! Elle progresse vite en extérieur.
L’association a reçu un formulaire d’adoption pour Teila : les gens habitent à Paris. Je tente donc une promenade en ville pour estimer sa capacité à vivre en zone très urbaine. Teila se fige à chaque voiture qui passe, aux gens qui parlent fort, aux poubelles qui sont sorties. Je change régulièrement de trottoir pour lui éviter de croiser des inconnus mais elle gère mal tout ce stress. Par contre, dès qu’on arrive dans une rue calme sans circulation, elle redescend en tension et se remet à renifler. Une vie à Paris ne me semble pas trop indiquée, en tout cas dans un premier temps. Les sorties en ville suivantes se feront dans des rues calmes et à des horaires ou il y a peu de monde : ça se passera beaucoup mieux.


Ses progrès
A l’intérieur, c’est plus long – après 3 semaines, l’étage de la maison lui semble toujours inaccessible, même lorsque mes chiens et moi y sommes. Elle reste seule en bas.
Je décide de la stimuler, en l’invitant à me suivre marche par marche avec quelques récompenses à la clé. Il y a clairement un conflit d’intérêt mais elle me fait confiance. Elle montera une fois avec moi, puis restera sans monter les jours qui suivent, puis va finalement, elle va se décider d’elle-même à venir nous rejoindre en haut. Je pense que ça lui aura pris environ 1 mois pour accéder délibérément à toutes les pièces de la maison.
Teila sera restée 5 semaines à la maison, et au bout de cette durée, elle pouvait nous sauter sur les genoux, s’installer à nos côtés sur le canapé pour se faire gratouiller le ventre mais est restée méfiante d’une main qui s’approche trop vite d’elle.
Elle a depuis rejoint sa famille qui vit dans un environnement calme au bord de la mer du nord.